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BUSHIDÔ

BUSHIDÔ : Code d’honneur et de comportement social qui exigeait du guerrier, Bushi ou Samouraï – ce dernier étant d’un rang plus élevé –, le sens de la justice et de l’honnêteté, le courage et le mépris de la mort, la sympathie envers tous, la politesse et le respect de l’étiquette, la sincérité et le respect de la parole donnée, la loyauté absolue envers les supérieurs et enfin la défense de l’honneur, du nom et du clan. Selon ce code, les Bushi, et plus particulièrement les Samouraï, devaient observer une étiquette sévère et consacrer leur vie et leur esprit à une ou des activités ‘dépassant l’homme ordinaire’ et transcendant la vie et la mort. Le bushidô est une manière d’être, de se comporter envers ses semblables, et une fidélité absolue à une ligne de vie (autrefois à un maître, à un supérieur), qui faisait appel au respect de soi et des autres, quels qu’ils fussent, faibles ou forts, ainsi qu’à la maîtrise parfaite de son mental, de ses pulsions et de ses passions, afin de maintenir l’esprit en harmonie (Wa) avec l’univers. Il est évident que cet idéal n’était atteint que très rarement.

D’après Louis Frédéric, Dictionnaire des Arts Martiaux (éd. Félin).

31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 17:47

Voici la traduction d'une interview de William Scott Wilson, le célèbre traducteur, effectuée par la Kodansha USA.

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Q: Qu'est-ce que le Bushidô?

R: Le Bushidô pourrait être expliqué en partie par l'étymologie des caractères chinois utilisés dans le mot. BU provient de deux radicaux signifiant "arrêter" et "lance". Ainsi, même si le mot signifie aujourd'hui "martial" ou "affaire militaire", il a la sens de stopper une agression. SHI peut signifier "samurai", mais signifie aussi "gentilhomme" ou "érudit". En examinant le caractère, vous pouvez distinguer un homme avec de larges épaules mais avec ses pieds franchement campés dans le sol. DO, avec les radicaux de tête et de mouvement dépeignait à l'origine un moyen d'action réfléchi. Il désigne maintenant un chemin, une rue ou une voie. En ayant ceci en tête, nous pouvons comprendre le Bushidô comme un Moyen de Vie, à la fois éthique et martial, avec de l'autodiscipline comme doctrine fondamentale. L'autodiscipline demande au guerrier de considérer sur le moment sa place dans la société et l'éthique que cela implique, et de se forger dans la voie des arts martiaux. L'ensemble devrait finalement le mener à comprendre que ses ennemis fondamentaux sont sa propre ignorance et ses passions.

Q: Comment s'est développé le code et comment a t-il influencé la société japonaise? 

R: La classe guerrière commença à se développer en tant qu'entité reconnaissable vers les 11ème et 12ème siècles. Les meneurs de cette classe descendaient souvent de la noblesse, et de ce fait étaient des hommes éduqués et de lignage. Je dirais que le code se développa quand les chefs de la classe guerrière commencèrent à réfléchir à leur position dans la société et ce que cela représentait d'être un guerrier. Ils commencèrent d'abord à écrire ces pensées en tant que yuigon, dernières paroles à leurs descendants, ou en tant que kabegaki, littéralement "inscription sur mur", maximes destinées à tous leurs samuraï. Samuraï même est un mot intéressant, venant du classique saburau, "servir". Aussi, quand nous comprennons que le samuraï est "celui qui sert", nous voyons que les implications vont beaucoup plus loin que d'être simplement un soldat ou un combattant. Aussi, il est important de comprendre que les érudits confucéens avaient toujours réfléchi sur ce que cela signifiait que d'être un véritable gentilhomme, et qu'ils conclurent qu'un tel homme pouvait être autant martial que littéraire. Les japonais héritèrent tôt de ce système de pensée, et certains idéaux étaient déjà implicitement acceptés. La classe guerrière dirigea le pays pendant environ 650 ans, et son influence – politique, philosophique et même artistique, bénéficia d'une longue période pour infiltrer la société japonaise.

Q: Les samurai étaient pratiquement des hommes polymathes – intéressés par les arts, la cérémonie du thé, la religion, aussi bien que par les arts martiaux. Quel rôle jouèrent ces intérêts dans le développement du Bushidô? Comment s'intégrèrent les arts martiaux?  

R: Ce sujet remonte à l'idéal confucéen d'équilibre don’t ont hérité les japonais, probablement vers le 7ème siècle, ou à peu près. Le terme employé par les deux cultures pour exprimer ce concept, du "gentilhomme" pour les chinois et du guerrier pour les japonais, est hin, prononcé uruwashii en japonais, signifiant à la fois "équilibré" et "beau". L'étude des arts tels que la cérémonie du thé, la calligraphie, l'étude de la poésie ou de la littérature, et bien sûr les arts martiaux de l'escrime et de l'archerie, élargit la perspective d'un homme et sa compréhension du monde, et comme précisé ci-dessus, lui procurèrent l'outil pour s'autodiscipliner. Les arts martiaux furent inclus naturellement dans les devoirs du samurai, mais cela ne les rendit pas moins instructifs en devenant un être humain accompli.  

Q: A quoi ressemblait le combat au sabre?
Le style au sabre était-il différent en fonction des samuraï ?

R: Il y avait littéralement des centaines d'écoles d'escrime samurai vers 1800, comme mentionné précédemment, chaque école ayant accentué les différences de style et d'approches. Certaines faisaient sauter et bondir les étudiants, d'autres préconisaient de maintenir ses pieds solidement ancrés dans le sol; certaines enseignaient les différentes façons de tenir le sabre, d'autres une seule méthode seulement. Une école déclara que les techniques d'escrime arrivaient en second lieu après la méditation assise. Historiquement parlant, il y a eut des périodes durant lesquelles la plus grande partie de l'art du sabre était effectué à cheval, et d'autres principalement à pied. Aussi, comme la forme et la longueur du sabre varia tout au long des différentes époques, les styles de combats varièrent tout autant. Je suppose donc qu'un combat entre deux hommes qui étaient résolus à mourir devrait être très différent d'un combat dans lequel les hommes ne souhaitent pas être blessés.

Q: Comment la société japonaise reflète t-elle le code de nos jours?

R: Quand je suis arrivé la première fois pour vivre au Japon dans les années 60, je fus impressionné de voir combien les gens étaient dévoués et loyaux envers les sociétés qui les employaient. Quand j'ai finalement compris les termes samurai et saburau, cela commença à avoir du sens. Tandis que ces hommes  (les femmes en général ne resteraient pas longtemps dans une société, abandonnant le travail pour le mariage) ne portaient bien sûr pas de sabre, ils semblaient représenter cet ancien sens du service, du devoir, de la loyauté et même de la fierté samuraï. Cela peut paraître étrange dans notre culture "moi d'abord", mais cela m'impressionna que la société ait pris en quelque sorte la place du seigneur féodal, et que la rente du samuraï soit devenue le salaire des cols-blancs. Cela est sur un plan sociétal. Sur le plan individuel, j'ai souvent senti que les japonais avaient une forte résolution, peut-être de par ce passé culturel du Bushidô, pour résoudre les problèmes plutôt que de les contourner.

 

traduction par Shingen

 

 

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commentaires

N
<br /> <br /> très interressant! Merci<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> les travaux de William Scott Wilson sont très intéressants et je vous conseille de lire certains de ses ouvrages, notamment le recueil "Ideals of the Samuraï" (en anglais).<br /> <br /> <br /> J'espère publier plus d'articles sur sa bibliographie très riche.<br /> <br /> <br /> A bientôt sur le blog!<br /> <br /> <br /> <br />