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BUSHIDÔ

BUSHIDÔ : Code d’honneur et de comportement social qui exigeait du guerrier, Bushi ou Samouraï – ce dernier étant d’un rang plus élevé –, le sens de la justice et de l’honnêteté, le courage et le mépris de la mort, la sympathie envers tous, la politesse et le respect de l’étiquette, la sincérité et le respect de la parole donnée, la loyauté absolue envers les supérieurs et enfin la défense de l’honneur, du nom et du clan. Selon ce code, les Bushi, et plus particulièrement les Samouraï, devaient observer une étiquette sévère et consacrer leur vie et leur esprit à une ou des activités ‘dépassant l’homme ordinaire’ et transcendant la vie et la mort. Le bushidô est une manière d’être, de se comporter envers ses semblables, et une fidélité absolue à une ligne de vie (autrefois à un maître, à un supérieur), qui faisait appel au respect de soi et des autres, quels qu’ils fussent, faibles ou forts, ainsi qu’à la maîtrise parfaite de son mental, de ses pulsions et de ses passions, afin de maintenir l’esprit en harmonie (Wa) avec l’univers. Il est évident que cet idéal n’était atteint que très rarement.

D’après Louis Frédéric, Dictionnaire des Arts Martiaux (éd. Félin).

7 juin 2018 4 07 /06 /juin /2018 13:17

 (extraits du livre The Samuraï Sword – a handbook, de John M. Yumoto
Traduction par Shingen)

 

 

La légende veut que le forgeron Amakuni créa la première épée japonaise à Yamato vers 700 après JC. Bien qu’il n’y en ait aucune preuve historique, la légende semble logique, puisque certains des sabres les plus anciens trouvés à ce jour remontent au forgeron Yasutsuna, d’Hoki, et datent d’environ 900 après JC.
Amakuni était à la tête d’un groupe de forgerons employés à l’époque à la fabrication d’épées pour l’empereur et ses guerriers.

Un jour, Amakuni et son fils, Amakura, se tenaient au perron de leur atelier, observant les soldats qui revenaient de la bataille. L’empereur passa mais ne lui adressa aucun signe de reconnaissance, comme il avait pu le faire par le passé. Amakuni avait toujours considérer ces gestes comme un signe d’appréciation de ses efforts. Puis ils réalisa soudain que presque la moitié des soldats qui étaient revenus portaient des épées brisées. Amakuni et son fils se mirent à rassembler les épées restantes et à les examiner. Il lui apparut que la principale raison du bris des lames était que les épées avaient été mal forgées et les soldats avaient frappé des objets très durs avec. Comme il se rappelait la subtile rebuffade de l’empereur, ses yeux se remplirent de larmes et il se dit, « S’ils utilisent nos épées pour des tels coups, je vais en fabriquer une qui ne se brisera pas. »
Prononçant ce vœu, Amakuni et son fils s’enfermèrent dans la forge et prièrent pendant sept jours et sept nuits les dieux Shintô. Puis Amakuni sélectionna le meilleur sable ferrugineux qu’il pouvait obtenir et la raffina. Sans relâches, ils travaillèrent tous deux à leur tâche apparemment impossible. Après trente jours, émaciés, épuisés, mais débordant de joie, les deux forgerons apparurent avec une lame courbe à un seul tranchant. Les autres forgerons les crurent fous, mails ils meulèrent et polirent la nouvelle épée.

Dans les mois qui suivirent, Amakuni et son fils continuèrent leur travail, produisant de nombreux types d’épées  améliorées. Au printemps suivant, il y eut une nouvelle guerre. A nouveau, les soldats revinrent, et en les regardant passer, il compta : un, deux, trois…vingt-cinq, vingt-six, vingt-sept…trente, trente-et-un. Toutes les épées revenaient du front intactes et parfaites ! Comme l’empereur passait près de lui, il sourit et dit, « Tu es un confectionneur d’épée accompli. Aucune des épées que tu as fabriquées n’a failli au combat. » Amakuni se réjouit et une fois de plus, sentit que tout était pour le mieux et que sa vie était remplie. 

(cette légende provient des forgerons de la province de Yamato)

***

Le village d’Osafune, dans la province de Bizen, était connu pour ses forgerons. Un jour Kanemitsu, un des forgerons principaux de la ville, appréciait un moment de détente dans son atelier. Il se surprit soudainement à écouter le bruit du ciseau de son voisin dans l’atelier attenant.
Il se redressa avec colère, se précipita à côté, et saisit le sabre sur lequel l’autre forgeron était en train de ciseler un nom.  
« Tu étais en train d’écrire mon nom sur ce sabre », dit Kanemitsu.
L’autre forgeron admit qu’il en était ainsi et s’excusa. « Comment as-tu su ? » demanda le coupable. « Etais-tu en train de regarder ? »
« Non », répondit Kanemitsu, « mais j’écoutais. Tu as employé un trop grand nombre de coups qu’il n’était nécessaire pour écrire ton propre nom. »

(cette légende provient des forgerons de la province de Bizen.
Elle sert à illustrer le fait que les contrefaçons pouvaient être faites peu après la fabrication des sabres.)

 

 

Il existe au Japon une lame de type kissaki-moroha-zukuri, qui serait sans certitude, attribuée à Amakuni, et appelée Kogarasu-maru (小烏丸 - petit corbeau).  En voici la photo:

Source : Legends and Stories around the Japanese Sword 2 - de Markus Sesko

Pour rappel, la forme kissaki-moroha-zukuri désigne une lame dont la pointe a deux tranchants. Le reste de la lame présente un mune non tranchant.
Certaines des plus anciennes lames de type kissaki-moroha-zukuri peuvent être trouvées dans la collection de l’empereur Shomu (701-756), collection tenue au temple Todaiji de Nara. Elle comprend des épées du XVII° siècle, dont la lame est droite (les lames incurvées étaient peu répandues à l’époque). On peut voir ci-dessous le détail particulier de la pointe sur certaines de ces épées, tel qu’apparaissant sur la lame d’Amakuni.

Le nakago d'Amakuni ne semble pas comporter de signature ni de yasurime. Cependant, la famille Hon’ami (famille d’experts spécialisés depuis le XIII° siècle dans l’appréciation des lames, ayant entre autres officié pour les shôgun Tokugawa) et les autres experts semblent s’accorder sur le fait que la lame appartient à Amakuni. Il existe même un dessin de Hon’ami Koetsu (1558-1637) qui montre une date et une signature et reproduisant à l’identique en termes de longueur, proportions et positions le mune-machi (cran sur la lame marquant la limite entre le nakago/soie et le mune/dos), ha-machi (cran sur la lame marquant la limite entre le ha/tranchant et le nakago/soie) et mekugi-ana (trou pour les chevilles sur la soie).

Source : Legends and Stories around the Japanese Sword 2 - de Markus Sesko

On peut y lire « Amakuni  - Taiho ? – nen ? – gatsu ». Les caractères pour l’année de l’ère Taiho sont peu lisibles ; on identifie soit un huit, soit un deux. Puisque l’ère Taiho n’a duré que quatre ans, on assume qu’il s’agit d’un deux, soit la deuxième année de l’ère Taiho qui est 702. Dans les documents historiques, Amakuni serait reporté comme ayant vécu à l’ère Taiho. Si cette épée est bien d’Amakuni, elle a près de 1316 ans… et possède la valeur la plus haute dans les estimations des experts, soit le total de 600 points.

Pour vous donner une idée, une épée du forgeron Chôen, datant de 1184 possède 200 points ; une épée du forgeron Akihiro et datant de 1299 possède 100 points.

 

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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 17:06

J'ai trouvé assez peu d'informations sur ce forgeron, j'espère donc qu'il y aura peu d'approximations dans le résumé qui suit. Afin de regrouper les articles sur le sujet, j'ai ouvert dans le menu de gauche une nouvelle catégorie "Forgerons" (contemporains ou anciens).


  Takano Yukimitsu est l’ancien deshi du Mukansa Ono Yoshimitsu. Né le 15 octobre 1952 dans la préfecture de Ibaraki, ses parents s’installent à Tokyo lorsqu’il a deux ans.

Il développe très tôt  un vif intérêt pour le sabre japonais et commence à l’étudier juste après avoir quitté le collège. Il occupe également un travail à temps partiel durant les vacances au Dôjô des frères Yoshihara, en tant qu’assistant.

En 1973, il quitte l’Université de Shibaura.



Il va par la suite rencontrer Ono Yoshimitsu. Takano est si impressionné la première fois qu’il le voit produire une copie du Yamatorige qu’il lui demande immédiatement s’il l’accepterait en tant qu’élève.
Yoshimitsu l’accepte comme disciple en décembre 1986. Après avoir obtenu sa licence de forgeron le 4 avril 1992, Takano prend le nom d’artiste de Yukimitsu. Il fait partie du Shinsakutoten (concours de niveau Nihonto) depuis 1996, où il a plusieurs fois gagné le rang de Nyusen (attention, cette dénomination n’est pas un prix à proprement parler remporté par le forgeron, mais signifie seulement que la personne est acceptée dans la compétition et est classée).  

Devenu indépendant, Takano choisit de travailler ses sabres dans le style Gassan* (école dont les travaux remontent à la période Kamakura). Ces lames étaient autrefois connues sous l’appellation d’ayasugi hada, dont le grain est en forme de cèdre japonais, caractéristique que l’on retrouve donc dans les travaux de Takano.
Takano ne produit pas aujourd’hui de nombreux sabres longs, relativement difficiles à vendre dans le contexte économique actuel.
Il donne des cours d’une journée à ceux qui s’intéressent à la fabrication et à la forge des sabres japonais.

* sur le style Gassan: Gassan est une montagne en Ushu, qui donna son nom à la lignée des forgerons remontant à la période Kamakura. Comme il a été dit, le point le plus distinctif de cette école est le Ayasugi-hada. Le ayasugi-hada est obtenu par élongation puis torsion (tire-bouchon) du sunobe, avant meise en forme définitve. En voici des illustrations:



traduction d'un article de Paul Martin, membre de la Token anglaise

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24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 15:38

Pour faire suite à la proposition de Mikaeru, voici un premier article sur les forgerons contemporains au Japon.
En cherchant sur Internet, voici ce que j'ai pu trouver sur Kiyota Jirokunietsu (dont Pierre Nadeau est l'apprenti).




Né Hiroki Kiyota, à Amagazaki, entre Osaka et Kobe, au Japon, il suit le parcours commun des jeunes Japonais jusqu’à l’école secondaire supérieure. De là, il décide de joindre une institution dont le programme est enrichi d’apprentissages artistiques et artisanaux.

Les étudiants japonais choisissent la suite des événements environ un an avant la fin de leurs études. Bien que Hiroki considère plusieurs options (professeur d’art, architecte, cuisinier), l’idée d’être un artisan et plus particulièrement un fabriquant de sabre lui passe par la tête. Comme son professeur ne sait trop quoi lui conseiller à ce sujet, Hiroki entreprend de s’informer et visite l’organisme en charge de la préservation des sabres japonais et du musée qui y est rattaché, le Nihon Bijutsu Token Hozon Kyokai, ou NBTHK.




 

 Il est impressionné par la beauté raffinée des sabres et se dit qu’il deviendra peut-être forgeron. C’est lors de sa deuxième visite, alors qu’il a formellement pris rendez-vous avec le curateur du musée, qu’on le met en contact avec celui qui deviendra son maître, Kawachi Kunihira. M.Kawachi l’accepte aussitôt pour l’année suivante, soit juste après la complétion de ses études secondaires. Son apprentissage débute — deshi-iri — en juillet 1994. Il est le deuxième apprenti, sous Takami Tarokuniichi. À ce moment, Hiroki s’engage en s’allouant la liberté d’abandonner aussitôt s’il n’est pas séduit.

Il est pourtant aussitôt convaincu qu’il fera tout son possible pour devenir forgeron. Durant ses six années d’apprentissage, l’idée n’abandonner ne lui traverse pas une seule fois l’esprit. C’est en 1999 que son maître l’invite à aller passer le test co-organisé par le Ministère de la Culture et le NBTHK et qui a lieu dans la préfecture de Shimane, dans le sud du Japon. Le test, pour les forgerons en devenir, consiste en la fabrication d’un sabre de la matière brute jusqu’au polissage de base, en environ une semaine. Après avoir obtenu sa licence de forgeron, nécessaire au Japon pour pouvoir légalement produire des lames, c’est alors qu’il reçoit de son maître son nom de forgeron, Jirokunietsu. Il demeurera encore un an chez son maître, période durant laquelle il produira le sabre illustré par l’oshigata (tracé et relevé d’un sabre) - un tachi de style Bizen, nagasa 2 shaku; 4 sun; 2 bu.

Il s’installe en tant que forgeron d’arme indépendant à Shimizu (désormais Aridagawa), dans la préfecture de Wakayama, en 2000. Chaque année, le NBTHK organise des concours pour les différents métiers reliés au sabre japonais. Hiroki a, à ce jour, soumis six lames à l’événement annuel. Cinq ont été “acceptées” dans le classement général (Nyusen; la plupart dans les dix premières positions) et un a obtenu le troisième prix (Doryokusho).

Ce classement est très important au Japon puisqu’il détermine le prix au marché des sabres d’un forgeron donné. On dit que pour survivre, un artisan doit se positionner dans les 30 premières places (ceci inclue les places des premier et deuxième prix, qui peuvent être attribuées à plusieurs artisans). Au-delà de ces catégories existe un peu moins d’une dizaine de prix mentions spéciales tel que le Prix Honoraire de l’Empereur, celui du Président du NBTHK, etc. Si un artisan se place 7 fois dans ces prix, il est classé comme Mukansa (hors-compétition). M.Kawachi est un de ces rarissimes personnages. Encore plus rare est l’attribution souvent traduite par “Trésor National Vivant“, qui existe pour les corps de métiers traditionnels au Japon, pour autant qu’un artisan qui s’y qualifie existe. Pour chaque domaine, il n’y jamais plus d’un ou deux individus, s’il en est un, incarnant toute l’essence et la maîtrise idéales.

Pour Hiroki, les forgerons de sabre japonais d’aujourd’hui sont sur une pente ascendante en ce qui a trait à la qualité de leur art, bien qu’il les considère encore loin des idéaux du métier. «Notre plus importante responsabilité est de poursuivre la tradition déjà vieille de plus de 1300 ans et de préserver les standards de qualité.» Il tente donc de saisir l’essence des meilleurs sabres jamais produits — durant l’âge d’or, soit les périodes Heian et Kamakura, du IXe au XIVe siècles, afin de recréer leur raffinement et leur vérité propre, «mais sans vraiment refaire les mêmes sabres.»

«Le monde des sabres japonais en est un de collectionneurs et d’appréciateurs, pas de fabricants, dit-il. Lorsque j’apprécie un sabre, je tente plutôt de comprendre dans quel état d’esprit était son créateur, quelle était son intention, au lieu de simplement le juger pour ses propriétés esthétiques.»

Bien conscient que la plupart des gens soient incapables de s'offrir un sabre japonais, il souhaite toutefois que le public vienne à comprendre leur beauté raffinée et ainsi respecte son travail.

source : SOULSMITHING (portail sur le monde du forgeron KIYOTA et son apprenti, Pierre Nadeau)



Chaque année, le NBTHK organise des compétitions dans les différents domaines artistiques liés au sabre japonais.

Kiyota a soumis un sabre pratiquement chaque année depuis qu’il est devenu indépendant en 2000.

Ses sabres de compétition ont toujours reflété son attention portée au groupe de forgerons de Bizen, qui employaient le nom de Sukesada 祐定.

La compétition permet à ceux qui se qualifient d’obtenir un Prix Spécial, tel que le prix du Président du NBTHK, ou d’être classé dans une de ces trios catégories: Yushu-sho (Prix de l’Incroyable Performance), Doryoku-sho (Prix de l’Effort de la Tentative), et Nyu-sen ("choisi"), qui offre un classement des forgerons restants dont les travaux ont été qualifiés.


Un forgeron qui reçoit un de ces Prix Spéciaux dix fois, est élevé au rang de Mukansa. Cela lui interdira de participer à des futures compétitions, et d’agir plutôt en tant que juge.

En 2004, Kiyota est entré dans la catégorie Doryoku-sho pour la première fois, et répète l'exploit une seconde fois. Un certificat est présenté ci-dessous.



 


Pierre Nadeau

Traduction: Shingen, le 24/10/08

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